Après l'audition des derniers témoins ce 14 novembre 2018, c'est au tour de l'accusée, Rosa Da Cruz d'être interrogée devant les Assises de la Corrèze. Lors de cette 3e journée, la mère de Serena a été placée face à ses contradictions.
"Tout ce que j'ai dit, c'est pas vrai ! ". Rosa Da Cruz était entendue ce mercredi 14 novembre 2018 devant les assises de la Corrèze à Tulle.
Une journée marquée par le revirement dans les déclarations de l'accusée. La ligne de défense est claire : le déni de grossesse et le déni d'enfant. La mère de Serena a donc tenu cette ligne en affirmant ne s'être jamais occupé de sa fille : pas de câlin, de la nourriture occasionnelle... Un discours en opposition avec ses déclarations au moment de l'enquête lors de laquelle elle avait déclaré avoir nourri Serena au biberon dès la naissance, lui avoir prodigué des soins pendant deux ans. Il y a eu donc mensonge. La Cour devra déterminer quand Rosé Da Cruz a dit la vérité. Son avocate préfère parler d'une femme authentique dans ses contradictions.
C'est le troisième jour d'audience de ce procès. Depuis lundi, la justice tente de cerner la personnalité de cette mère qui a dissimulé sa fille pendant les deux premières années de sa vie dans un coffre de voiture et dans une pièce isolée de sa maison du bourg de La Rivière de Mansac en Corrèze.
#Serena L'accusée justifie ses propos en GAV (sur le fait de parler d'un enfant et non d'1 chose) par le fait qu'on lui ait annoncé que ses enfants allaient lui être retirés et qu'elle était "indigne d'être 1 mère". "J'ai voulu donner l'image d'une maman", dit-elle.
— Catherine Fournier (@cathfournier) 14 novembre 2018
"Tout ce que j'ai dit, c'est pas vrai ! ", et voilà Rosa Da Cruz qui reconnaît que lors de sa garde à vue en octobre 2013, elle a voulu donner une image de bonne mère en déclarant lui avoir donné un biberon dès la naissance. "Vous avez déclaré 'Je redescendais régulièrement pour voir si tout allait bien', comment se fait-il qu’aujourd'hui vous nous parliez d’autre chose ?" interroge le président.
J’ai menti. J’ai mis Serena sur un matelas et je ne m’en suis pas occupée.
#Séréna L'accusée campe sur ses positions : "Séréna je ne m‘en suis jamais occupée, je l’ai jamais tenue dans mes bras, je lui ai jamais fait de câlins." "Mais vous l’avez nourrie ?" "Occasionnellement". Elle craque à la barre, l'audience est brièvement suspendue
— Catherine Fournier (@cathfournier) 14 novembre 2018
Un peu plus tôt dans l'après-midi, le président avait interrogé la mère de Serena sur ses intentions.
"Vous dites que vous espériez qu’elle soit découverte , or, vous vous êtes évertuée 24h/24 à la cacher, à mettre des couvertures sur la voiture, à prétexter d’aller nourrir les chats pour vous en occuper".
A cela Rosa Da Cruz répond : "Je laissais la vitre de la voiture entrouverte en espérant que quelqu'un l'entende". Mais Serena ne pleurait pas, personne ne pouvait l'entendre et lors de la visite chez le garagiste à Terrasson, elle tentera d'éviter à tout prix qu'on ouvre le coffre de la voiture. Rosa Da Cruz est face à ses contradictions.
L'après-midi se poursuit par une déclaration fracassante de l'accusée :
Serena, je ne m’en suis jamais occupée, je l’ai jamais tenue dans mes bras, je lui ai jamais fait de câlins je l’ai nourrie mais pas tous les jours.
Mais Rosa Da Cruz a été interrogée par les enquêteurs à 8 reprises. Elle a raconté la naissance de son bébé auquel elle a donné le biberon. Pour le président, "ce vocabulaire contredit l'idée d'un déni de grossesse. On a plus l'impression d'une dissimulation d'enfant".
La réponse de l'accusée ne se fait pas attendre :
J''ai voulu passer pour une bonne mère pour qu'on ne me prenne pas mes 3 enfants. Tout ce que j'ai dit pendant les interrogatoires était faux. Pour moi, Serena était une chose qui n'existait pas.
Puis elle s'écroule en larmes.
#Serena Et sur l'achat de deux biberons le jour de la naissance de Serena, elle dit ne plus s'en souvenir. Elle ajoute qu'elle les a achetés pour son autre fille, E., âgée de 4 ans: "C'était pour ma fille"
— Catherine Fournier (@cathfournier) 14 novembre 2018
A quel moment Rosa Da Cruz a-t-elle menti ? Face aux enquêteurs ou aujourd'hui face à la cour d'assises devant laquelle elle poursuit :
Je ne lui ai jamais donné de prénom, j’ai dit "Séréna" quand le gendarme m’a demandé son nom
#Serena "Je me rendais compte que Séréna avait besoin être découverte mais je ne savais pas qu’elle était handicapée à ce point là, je ne me rendais pas compte"
— Catherine Fournier (@cathfournier) 14 novembre 2018
L'interrogatoire de la mère de Serena est interrompu le temps de l'audition d'un expert par visioconférence.
Et c'est Maître Faure-Roche, l'un des avocats, qui reprend en s'adressant à l'accusée : "Vous l'avez appelée Serena, parce que ça voulait dire sereine. Vous considérez qu'au moment où le garagiste a ouvert le coffre, elle était sereine ?". Réponse de la mère : "Je la trouvais sereine, elle ne faisait pas de bruit, elle ne manifestait pas".
Me Faure-Roche lit une lettre adressée en 2014 par l'accusée à #Serena "C’est pour toi ce petit bisou, j’ai demandé à une étoile spéciale de veiller sur ton lit, fais de très beaux rêve, je t’aime jusqu’à la lune et encore plus loin, maman qui t’aime et qui pense à toi"
— Catherine Fournier (@cathfournier) 14 novembre 2018
Rosa Da Cruz explique qu'elle a commencé à voir un psychiatre, mais qu'elle a encore "du mal à accepter Serena". Le médecin lui aurait alors conseillé d'écrire de petits mots pour qu'on les lise à sa fille.
A l'issue de l'interrogatoire de sa cliente, Maître Chassagne-Delpech réagi au micro de Julie Radenac et Marine Nadal :
Le résumé du 3e jour d'audience. Reportage de Julie Radenac et Marine Nadal.